IACM-Bulletin du 28 Novembre 2008
- Science: pourquoi les fumeurs de cannabis pourraient-ils être moins exposés au risque de cancer que les fumeurs de tabac ?
- En bref
- Un coup d'�il sur le passé
Science: pourquoi les fumeurs de cannabis pourraient-ils être moins exposés au risque de cancer que les fumeurs de tabac ?
Onze chercheurs américains et taïwanais ont rassemblé des données issues de la recherche fondamentale et réétudié les résultats d’une étude épidémiologique réalisée en 1997 par Sidney et coll. Leur conclusion laisse suggérer que le fait de fumer du cannabis n’augmente pas — voire diminue - la fréquence d’apparition de certaines formes de cancer associées au tabagisme. Bien que la fumée issue d’une cigarette de cannabis produise des taux plus élevés en hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) carcinogènes que le produit de combustion des cigarettes de tabac, cela ne signifie pas forcément que les fumeurs de cannabis courent un risque plus important de contracter un cancer que les fumeurs de tabac. En effet, les taux de HAP produisent un effet de moindre importance que l’influence de substances qui, avec leurs enzymes, activent les HAP dans le foie. Dans un article, les chercheurs ont déclaré qu’il n’était « pas surprenant de constater que l’association de delta-9-THC au goudron de tabac a conduit à une réduction significative de l’activité cancérigène » dans des essais avec des cellules cancéreuses.
Nous savons que fumer du cannabis — comme fumer du tabac – provoque l’apparition de phases préliminaires du cancer de l’épithélium. En revanche, les études montrent que ces phases « ont une valeur plutôt faible, voire nulle, en matière de prévision » et que ces lésions sont « en règle générale réversibles et peuvent tout à fait disparaître de manière spontanée ». Dans des essais conduits avec des primates, « une exposition prolongée à la fumée de marijuana n’a pas produit d’effets carcinogènes ».
Dans l’étude d’ensemble réalisée sur un groupe de personnes par Sidney et coll. (1997) auprès d’environ 65000 personnes avec une durée d’observation moyenne de 8,6 ans, un risque notablement plus élevé de développer un cancer du poumon a été observé chez les fumeurs de tabac, comparés aux risques chez les fumeurs de cannabis. Face aux groupes des non-consommateurs, ces derniers ont en outre montré un risque moins significatif en termes de développement de ce type de cancer. À la critique, selon laquelle Sidney et coll. n’auraient pas accompagné leurs sujets suffisamment longtemps pour découvrir une augmentation du risque de développer un cancer chez les consommateurs de cannabis, les chercheurs ont répondu que « le temps d’observation était curieusement suffisamment long pour découvrir 179 cas de cancers associés au tabagisme chez les fumeurs de tabac. En partant du principe que le risque était égal à celui chez les non-fumeurs, il aurait fallu s’attendre à seulement 130 cas. Comparés à ces chiffres, seulement trois cas de cancer associés à la consommation de cigarettes de cannabis ont été observés. Si la fréquence d’apparition de formes de cancers associés au tabagisme chez les fumeurs de cannabis était égale à celle chez les non-fumeurs, «alors on aurait pu s’attendre à 16 cas parmi les fumeurs de marijuana».
(Source: Chen AL, Chen TJ, Braverman ER, Acuri V, Kemer M, Varshavskiy M, Braverman D, Downs WB, Blum SH, Cassel K, Blum K. Hypothesizing that marijuana smokers are at a significantly lower risk of carcinogenicity relative to tobacco-non-marijuana smokers: evidenced based on statistical reevaluation of current literature. J Psychoactive Drugs 2008;40(3):263-72.)
En bref
Etats-Unis: Nouveau Mexique
Selon des informations communiquées par la Drug Policy Alliance, le Nouveau-Mexique compte environ 200 consommateurs de cannabis médical depuis la légalisation de la substance à des fins thérapeutiques en 2007 dans cet État. En revanche, à ce jour, il n’y a toujours pas de lieux où les patients peuvent se procurer le cannabis médical. (Source: Daily Lobo, du 13 novembre 2008)
Science: tabac et THC
D’après des travaux de recherche conduits à l’université de Leiden (Pays-Bas), le fait de mélanger le cannabis au tabac augment la quantité de THC inhalée par gramme de cannabis d’une moyenne de 33 mg/g pour les cigarettes de cannabis pur à 59 mg/g pour les cigarettes composées d’un quart de cannabis et de trois quarts de tabac. (Source: Van der Kooy F, et coll. Inhal Toxicol, du 14 octobre 2008 [publication électronique avant impression]
République tchèque: lois sur le cannabis
Suite à une révision de la législation adoptée par la Chambre des députés le 11 novembre dernier, la possession de faible quantité de cannabis pour la consommation personnelle sera punie moins sévèrement que la possession d’autres substances illicites. Tandis que la production et le commerce de drogues sont passibles d’une peine allant de 5 à 15 ans d’emprisonnement, la loi révisée considère désormais la possession d’une faible quantité de cannabis comme infraction mineure. Pour entrer en vigueur, la révision de la loi doit encore être débattue au Sénat, puis signée par le Président. (Source: Ceske noviny, du 11 novembre 2008)
Hollande: maires
Une majorité des maires néerlandais (54 sur 88 maires des villes qui comptent au moins un coffee shop) soutient la légalisation de l’ensemble de la chaîne de production liée au cannabis. Ces maires souhaitent ainsi mettre fin au problème logistique créé par le fait que la vente de cannabis est autorisée, mais non pas la culture de la plante. (Source: Psychonaut.com, du 19 novembre 2008)
Science: psychoses
Selon des chercheurs britanniques, la consommation de cannabis augmente l’apparition d’hallucinations chez des personnes qui présentent un risque de crises psychotiques. Les résultats des travaux laissent suggérer que la réaction d’une personne à une consommation forte de cannabis pourrait être un marqueur pour l’apparition d’effets psychotropes néfastes associés au cannabis. (Source: Mason O, et coll. Psychol Med, du 19 novembre 2008 [publication électronique avant impression])
Science: dépendance au cannabis
Une étude réalisée aux États-Unis incluant 1923 personnes révèle que certaines variantes de la séquence ADN du gène du récepteur CB1 pourraient être associées à un risque élevé d’une dépendance au cannabis. (Source: Agrawal A, et al. Am J Med Genet B Neuropsychiatr Genet, du 14 novembre 2008 [publication électronique avant impression])
Science: schizophrénie
Selon une étude réalisée à l’hôpital universitaire de psychiatrie de Zurich (Suisse) sur les raisons de la consommation de cannabis, il a été observé que les patients schizophrènes étaient plus souvent des consommateurs de cannabis que les personnes du groupe témoin pour les raisons suivantes: lutter contre l’ennui et faciliter le contact social. (Source: Schaub M, et al. Aust N Z J Psychiatry 2008;42(12):1060-5.)
Science: douleurs
Des chercheurs de l’université de Bonn (Allemagne) ont démontré que le récepteur CB2 localisé sur des cellules du système immunitaire participe à l’évolution des douleurs neuropathiques. Le récepteur CB2 joue un rôle important dans la modulation de l’activation des cellules gliales en réponse à une lésion nerveuse. (Source: Racz I, et al. J Neurosci 2008;28(46):12125-35.)
Science: ingestion d’aliments
Des essais sur animaux ont montré que les ligands qui fixent les récepteurs CB2 pourraient jouer un rôle dans l’ingestion d’aliments et la consommation d’alcool. (Source: Onaivi ES, et al. Ann N Y Acad Sci 2008;1139:426-33.)
Royaume-Uni: sondage sur les substances illicites
Selon un sondage réalisé pour les journaux Observer et Guardian, 27% des Anglais ont déjà consommé des substances illicites, dont 87% du cannabis. 32% des personnes interrogées ont déclaré que les lois sur les stupéfiants en Grande-Bretagne sont trop souples, 50% qu’elles sont appropriées et 18% qu’elles ne sont pas suffisamment souples. 27% ont en outre déclaré que certaines drogues devraient être décriminalisées, voire légalisées. Ce sondage a été réalisé via l’IACM-Research auprès de 1008 personnes âgées d’au moins 16 ans et qui vivent en Grande-Bretagne. (Source: The Observer, du 16 novembre 2008)
Un coup d'�il sur le passé
Il y a un an
- Science: la nabilone réduit les douleurs chroniques associées à la fibromyalgie
- Hollande: le gouvernement veut prolonger de cinq années le droit de vente du cannabis dans les pharmacies
Il y a deux ans
- Etats-Unis: rejet du projet de loi relatif à la légalisation du cannabis médical dans le Dakota du sud à l’issu d’un vote serré
- Science/Canada: GW Pharmaceuticals demande une autorisation pour utiliser le sativex dans le traitement de douleurs liées au cancer
- Science: utilisation à long terme d’un extrait de cannabis par des patients atteints de sclérose en plaques
Events Online 2020
Toutes les informations sur les événements en ligne de l'IACM, y compris les vidéos gratuites des webinaires sous-titrées en français, sont disponibles ici.
IACM Conference 2022
La 12e conférence de l'AICM sur les cannabinoïdes en médecine se tiendra les 20 et 21 octobre 2022, en collaboration avec la SSCM à Bâle (Suisse).
Members only
Regular members can sign up for the new member area of the IACM to access exclusive content.
You need to become a regular member of the IACM to access the new member area.
IACM on Twitter
Follow us on twitter @IACM_Bulletin where you can send us inquiries and receive updates on research studies and news articles.